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Quel lien entre féminisme et communauté LGBT ?

Sans libération des femmes, l’homophobie pourrait disparaître du jour au lendemain, les lesbiennes, les femmes bisexuelles, toutes les femmes trans-identifiées seraient encore opprimées. Libérer une partie des femmes ne suffit pas, nous méritons toutes d’être libres.


Sur ce blog, je vais énormément parler de la communauté LGBT+. Voilà, c’est dit. Les combats liés aux droits des gays, des bis, des trans, des personnes intersexes, et de toutes les lettres qu’il y a derrière cet acronyme ma fois un peu encombrant sont très liés aux combats pour la libération des femmes. Je vais explorer un peu pourquoi dans cet article, aussi parce que nous entrons dans le mois de la Pride !

Lesbianisme et féminisme

Assez évidemment, les lesbiennes ont toujours été très liées aux combats féministes. Elles le sont sans doute plus que les femmes bisexuelles ou hétérosexuelles dans certains domaines, mais pas toujours. Les lesbiennes cumulent le fait d’être une femme avec l’homosexualité, ce qui les rends très vulnérables dans notre monde hétéro-patriarcal.

L’oppression que subissent les lesbiennes n’est pas la même que celle subie par les hommes gays, ou par les femmes bisexuelles. En effet, les lesbiennes mettent en colère pour les deux facteurs qui font leur homosexualité : la capacité d’aimer les femmes (rendant les hommes moins essentiels à leur vie), et l’incapacité d’aimer les hommes (faisant des femmes une priorité). Dans notre monde où les femmes sont censées être au service des hommes et les prioriser, les lesbiennes font tâche, puisque leur homosexualité ne peut pas être corrigée.

Les lesbiennes subissent de la torture à travers les thérapies de conversion, les viols correctifs qui visent à les rendre hétérosexuelles, la société qui les pousse à accepter les pénis dans leur sexualité. Pour ces raisons, les lesbiennes se tournent souvent vers les mouvements de libération des femmes. Car même si leur homosexualité venait à être complètement acceptées, le fait d’être des femmes resterait un problème.

Le féminisme radical a des heures lesbophobes derrière lui. Le cas le plus notable est sans doute le lesbianisme politique, qui consiste pour des femmes hétérosexuelles à se dire lesbiennes « politiquement », dans un soucis de rejet des hommes et des normes patriarcales. Depuis, les radfems ont appris de leurs erreurs et ne sont plus en accords avec ce genre de principe. Nous soutenons les spinsters, des femmes hétéro qui ont décidé de rester célibataires et de se concentrer sur leurs relations avec des femmes, et les febfems (female exclusive bisexual female), qui sont des femmes bisexuelles ayant décidé de ne pas s’engager sexuellement ou romantiquement avec des hommes.

Société et oppression

Les personnes homosexuelles sont oppressées par le même système que les femmes : le patriarcat. On précise en général que la branche du patriarcat qui fait du mal aux homosexuels, c’est l’hétérosexisme (c’est le doux nom que l’on donne à l’institution de l’hétérosexualité dans nos sociétés). L’hétérosexisme est là pour s’assurer que tout le monde respecte bien la norme en étant, sinon hétéro, au moins hétéro-typé. De cette institution découle la bête noire des féministes radicales de cette décennie : le genre.

D’un point de vue individualiste, il est très courant pour les homosexuels d’être GNC[1], à savoir de ne pas se conformer à leur genre imposé. Ceci est majoritairement dû à la culture hétérosexuelle dans laquelle nous grandissons tous, qui fait penser à une fille que si elle aime les filles, alors elle doit être un garçon (puisque ce sont les garçons qui aiment les filles dans une société hétéro-normée). Les hommes homosexuels sont donc plus touchés et meurtris par le genre que leurs homologues hétéros.

Les homosexuels ont toujours eu une histoire liée au travestisme, souvent dans le but d’avoir une vie normale. Les femmes ont elles-aussi pratiqué l’art de se faire passer pour le sexe opposé, souvent dans le but d’accéder à une carrière inaccessible, d’échapper à un mariage forcé, ou d’être plus libres. De nos jours, de telles pratiques rentrent dans la définition de transgenre.

Le féminisme radical ayant comme but d’abolir le genre, qui est extrêmement lié à l’hétérosexisme, la plupart des homosexuels voient un intérêt à soutenir les luttes féministes. En tant qu’alliés pour les hommes, ou en tant que féministes pour les femmes. Avec un but commun, il est normal de joindre nos forces pour arriver à notre but. Le féminisme défend les droits de toutes les femmes, et cela implique bien sûr les femmes qui aiment les femmes, lesbiennes ou bisexuelles.

Et le reste de la communauté ?

Malheureusement, le reste de la communauté LGBT+ a surtout à voir avec l’empêchement de la libération des femmes. Ce reste inclut des identités aussi variées qu’asexuel/aromantique, « queer », intersexe, agender, bigender, non-binaire, pansexuel, omnisexuel, polyamoureux, etc. Il est important de noter que je fais (et je suis loin d’être la seule) une différence importante entre les LGB et les TQ+, et ce pour plusieurs raisons. L’inclusion des personnes transgenres, « queer », intersexes et autres est très récente en terme d’années. On parle d’une vingtaine d’années au maximum pour la plupart.

Au départ, le T a été rajouté car la grande majorité des personnes trans (alors appelées transsexuelles) étaient des hommes gays travestis qui avaient subi une chirurgie génitale pour ressembler à des femmes. Beaucoup de figures de la lutte homosexuelle étaient des travestis, des hommes qui vivaient en tant que femme, et souvent prostitués. Les drag-queen pour leur part étaient des hommes gays qui se déguisaient en femmes pour la performance. La première Pride était à propos des droits des homosexuels et a eu lieu suite à un raid de police dans un bar gay, à Stonewall, aux États-Unis. L’homosexualité était alors illégale, et les « trans » (dire qu’ils étaient transgenre est un anachronisme) de l’époque, tous homosexuels. L’homosexualité des trans est la raison derrière son ajout à la communauté LGB, mais depuis les personnes trans hétérosexuelle ont revendiqué une place, suivies par une grande variétés de personne hétérosexuelles « déviantes », les « queer ». L’histoire a donc été réécrite pour correspondre à cette nouvelle narrative : celle selon laquelle les trans ont toujours été là, ont toujours été trans, et ont été le déclencheur des droits homosexuels.

Si les personnes homosexuelles ont toutes les raisons du monde d’éradiquer le genre et l’institution de l’hétérosexualité, les personnes trans ont en fait intérêt à faire le contraire. Car sans genre, il n’est pas possible d’être transgenre. Sans genre, il ne reste que le sexe, qui est un élément neutre qu’il est impossible de changer. Dans ces conditions, les identités des personnes qui se sentent « femmes dans un corps d’homme », ou « ni homme ni femme », « quelque chose entre les deux », « ni l’un ni l’autre », ne peuvent pas exister.

Le féminisme radical ne peut pas coexister avec l’idéologie transgenre, car leurs objectifs sont radicalement opposés : Alors que le féminisme cherche à détruire les boîtes dans lesquelles les gens sont posés en fonction de leur sexe, l’idéologie transgenre ne fais que créer de nouvelles boîtes en prétendant détruire les stéréotypes. Pour cette raison, je parlerais beaucoup d’activisme et d’idéologie transgenre, de micro-identités, et de toutes les instances qui vont à l’encontre du féminisme en se faisant passer pour progressives. La métaphore la plus connue est celle de la chaîne : La personnalité et le sexe sont reliés par une chaîne (le genre), et la solution pour se libérer n’est alors pas d’offrir une plus grande variété de chaîne sous la forme d’identités, mais de briser les chaînes.

Je soutiens pleinement les droits des personnes transgenres, sous réserve que ces droits n’enfreignent pas les droits et libertés d’autrui. Et pour cette raison, je ne soutiens pas les campagnes actuelles qui sont lancées en faveur des trans. Je réclame le droit de critiquer ouvertement sans faire appel à la haine, et sans me faire harceler en retour.

Conclusion

Ce blog étant tenu par une féministe qui se trouve être bisexuelle, j’ai un intérêt spécifique pour les droits des personnes LGB, puisqu’il s’agit de ma communauté. J’écrirai donc sans doute beaucoup sur ces sujets, en faisant toujours un lien avec le féminisme et en conservant un esprit critique. J’estime qu’il est normal d’avoir des sujets de prédilection, surtout lorsqu’on parle de quelque chose qui, comme le féminisme, critique à peu près tout les aspects de la société.

Je parlerai d’autres choses, comme les dommages de la pornographie ou de la prostitution, ma propre expérience et comment j’ai trouvé le féminisme radical, ce que j’essaye d’accomplir pour poser ma pierre sur l’édifice, la culture de la sexualité dans laquelle nous baignons, la médicalisation et la psychiatrisation des femmes… Je parlerai aussi d’histoire, de sorcellerie, de médecine, de communauté, car toutes ces choses ont à voir avec le féminisme autant qu’avec les homosexuels.

Et oui, tout est lié !

Sources externes :
(1) Childhood Gender-Typed Behavior and Adolescent Sexual Orientation: A Longitudinal Population-Based Study

CC BY-NC-SA 4.0

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