Catégories
Fiches de Lecture

J’ai lu « Né(e)s dans la mauvaise société » !

« Un nouvel ensemble d’idées concernant le sexe, le genre, la nature et la composition de l’humanité, cherche – et parvient – actuellement à s’imposer socialement. Son intronisation, avalisée et célébrée par la plupart des médias de masse, par les institutions médicales, par un certain nombre de gouvernements parmi les plus puissants du monde (États-Unis, Canada, Allemagne, Australie, etc.) et par les principales organisations supra-étatiques (Union Européenne, ONU), est présentée comme un formidable « progrès » humain.« 
-Quatrième de couverture de « Né(e)s dans la mauvaise société« –


Quand j’ai appris l’existence de ce livre, j’ai tout de suite été intéressée. J’attendais depuis un moment de voir si quelqu’un en France allait écrire sur ce sujet, sans se limiter à la question de la transition des enfants. C’est enfin le cas !

Le livre se développe à travers 21 chapitres, dont un qui est une traduction intégrale du texte de la Rapporteuse spéciale de l’ONU concernant son inquiétude quand à la censure des femmes et des filles dans le débat trans. De nombreux sujets sont touchés : contagion sociale, histoire du mouvement, misogynie et stéréotypes sexistes, etc.

Cet article va discuter des principaux points que j’ai apprécié dans le livre, ainsi que des quelques (rares) critiques que j’aurais à faire. A la fin, je vais également développer si ce livre est adapté aux normies.

Le contenu et les sources

Si vous cherchez des affirmations qui sont agrémentées de sources, ce livre va vous satisfaire. Je n’ai remarqué que quelques passages pour lesquels je me suis dit qu’une référence serait la bienvenue, car tout au long des chapitres les nombreux exemples, citations et affirmations sont systématiquement sourcées, soit par une source de première main soit pas une source critique.

Le contenu du livre est condensé et ne s’éloigne jamais du thème annoncé par le chapitre en cours. Les deux auteur/ice (car ce livre a été co-écrit par un homme et une femme) font appel aux renvois internes quand c’est nécessaire. Pour cette raison, bien que je l’ai lu de manière linéaire, il est à mes yeux possible de lire ce livre dans le désordre, en commençant par les chapitres qui semblent les plus attrayants. Pour cette raison, certaines citations sont parfois répétées quand elles servent le propos à différents endroits, mais je ne considère pas ça comme un problème, bien au contraire.

Le choix des problématiques traitées est lui-aussi appréciable. Après une introduction sur le ton du livre et quatre chapitres qui résument les bases fondamentales du problème, le livre se décline par sujets en traitant des problématiques particulières : pronoms et mégenrage, histoire du mouvement, transition des mineurs, transsexualisme, suicide, détransition, homophobie… mais aussi le capitalisme et son rôle dans le développement de l’idéologie et de la médecine trans, le fétichisme sexuel du milieu, la violence et la censure envers les féministes.

C’est un livre globalement très bien recherché, et j’ai appris des choses dans chacun des chapitres qui traitaient d’un sujet qui ne m’est pas familier. J’ai aussi complété mes connaissances et mes sources dans les chapitres dont je maîtrise bien le sujet, même si c’était surtout un bon rappel des bases.

Le confort de lecture

Quand je lis, j’annote. Je souligne au crayon des passages que je trouve importants et je met un post-it coloré pour retrouver le passage en question plus tard. De manière générale, la mise en page du livre facilite la lecture spontanée mais aussi la référenciation.

Un bon point pour moi (ce qui ne sera pas le cas pour tout le monde) est que les notes de bas de page, pour la majorité des sources, sont réunies à la fin de chaque chapitre. Déjà, ça évite d’avoir un pavé qui fait la moitié de la page à lire en plein milieu de la lecture. Mais ça évite aussi de devoir aller à la fin du livre à chaque fois pour chercher la source. De mon point de vue, c’est un choix pratique et appréciable.

Ensuite, la taille des chapitres permet de les lire d’un coup, sans avoir à s’arrêter au milieu pour la plupart. Certains font à peine deux pages (dont certains que j’aurais voir plus fournis, mais on ne peut pas tout avoir), d’autres une dizaine, mais jamais plus. Ils sont séparés en paragraphes traitant chacun d’un sujet ou d’exemples précis quand c’est nécessaire, ce qui rend le texte aéré et permet de faire une pause si besoin.

Mon seul problème se trouverait dans le style, avec des phrases parfois trop longues à cause d’une trop grande quantité de parenthèses ou de tirets. Je sais que je ne suis pas la mieux placée pour critiquer les tournures de phrases alambiquées. Mais si ça m’a parfois dérangée et fait perdre le fil, ce sera le cas pour d’autre. Surtout que parfois, les phrases sont alourdies par des éléments qui sont constamment répétés.

Dans l’ensemble c’est un livre facile à lire et accessible, loin des pavés académiques et du word-salad auxquels je ne suis pas encore bien habituée. Très rafraichissant.

Les petits plus

Dans cette section je vais parler des petites choses qui m’ont plu dans ce livre, mais qui sont vraiment des préférences personnelles et donc pas vraiment des arguments en faveur d’acheter le livre.

Premièrement, le sarcasme. D’habitude je ne suis pas fan de sarcasme dans les livres de ce type, je préfère un ton neutre et professionnel comme celui que j’essaye de garder dans mes articles. Mais là je vais faire une exception parce que le peu de sarcasme permet vraiment d’appuyer l’absurdité totale du sujet dont on parle. En lisant ce livre, impossible d’oublier que je me retrouve à passer des heures et des heures à lire, écrire, rechercher etc. juste parce que des gens pensent être de l’autre sexe en dépit de toute rationalité. Et ça fait du bien, des fois.

Ensuite, j’ai adoré la couverture et le titre. Le design est simple mais efficace, lisible, bref à l’image du contenu. Le titre reflète parfaitement la conclusion à laquelle toute radfem ou personne critique du genre finit par arriver en réfléchissant aux personnes trans et au genre. En ce sens, c’est un livre transparent qui ne cherche pas à attirer des lecteurs en quête de solutions simples, mais qui revendique une manière de faire sobre, efficace et facile d’accès.

Je peux le donner à ma grand-mère ?

C’est une question que je me pose toujours quand je lis ce genre de livre. Qui est le public visé ? Puis-je le recommander pour quelqu’une qui est perdu dans le débat et voudrait s’y retrouver ? Est-ce accessible à quelqu’une d’apolitique ou qui ne partage pas l’orientation politique des autrices (et ici, de l’auteur) ?

Malheureusement, ce livre n’a pas un haut potentiel à être partagé à toute personne curieuse malgré son style clair et ses arguments sourcés, à cause d’un parti prit politique fort. Ce n’est pas une mauvaise chose, c’est même un élément que j’ai apprécié. Enfin un bouquin ouvertement de gauche qui critique le mouvement trans, y compris d’un point de vue anti-capitaliste ! Seulement, pour quelqu’une qui n’y connais rien ou est méfiante vis à vis des anticapitalistes, ce sera sans doute confusant, voir repoussant pour certaines.

Donc je dirai, oui vous pouvez donner ce livre à vos amies qui ont une éducation politique de base ou qui sont alignées sur le féminisme et le socialisme. Mais pour votre mère qui s’en fiche complètement de tout ça et veut juste comprendre pourquoi le transgenrisme est dangereux pour les enfants, ce n’est pas le livre le plus adapté.
(Ou alors donnez-lui juste le bon chapitre !)

Conclusion

« Né(e)s dans la mauvaise société » est un très bon livre, et si vous lisez mon blog je vous invite vivement à le rajouter à votre bibliothèque. Il contient de nombreuses citations traduites en français, beaucoup de liens vers des ressources et une liste d’éléments à consulter pour aller plus loin. Audrey A. et Nicolas Casaux savent de quoi ils parlent, et ont clairement fait leurs recherches.

Vous pouvez l’acheter directement sur leur site internet, Le Partage, en cliquant sur ce lien : https://www.partage-le.com/produit/dans-la-mauvaise-societe/. Au moment où j’écris, il leur reste environs 80 exemplaires en stock.

CC BY-NC-SA 4.0

Une réponse sur « J’ai lu « Né(e)s dans la mauvaise société » ! »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *