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Le « coming out » fétichiste de Sophie Labelle

L’article de cette semaine était censé être dédié aux bloqueurs de puberté, mais au vu de l’actualité concernant Sophie Labelle, j’ai décidé de décaler les articles pour en parler rapidement.

Pour celles qui ne le connaîtraient pas, Sophie Labelle est un homme trans-identifié (femme trans) qui écrit depuis plusieurs années le webcomic « assignée garçon » (assigned male en anglais). Sophie est canadien, et vit à Québec, son webcomic est donc disponible en français/canadien.

Beaucoup de radfems ont déjà fait une critique de son travail. J’ai découvert ce comic en 2015 et à l’époque je l’aimais beaucoup, c’est ce comic qui m’a introduite à la question trans. Maintenant que je regarde en arrière, les BDs ont un arrière-goût de propagande. Aucun fait n’est vérifié ou justifié, beaucoup des BDs ont un but clairement moralisateur envers les personnes « cis » transphobes, et le tout est plein de contradictions sur la transidentité et le sexe (si les femmes trans sont des femelles… pourquoi sont-elles trans ?).

Le but du comic est de promouvoir la question des droits des trans et leur acceptation, mais en pratique les idées véhiculées sont fausses voire dangereuses. La BD suit un garçon de 13 ans qui s’identifie comme une fille, et qui porte le même nom que l’auteur. Sa mère est bisexuelle, son père hétéro, ses amies sont « cisgenres », non-binaires, etc. Le personnage se retrouve à expliquer de nombreuses choses à d’autres enfants et à des adultes, et sort même avec un garçon en lui affirmant que sortir avec une fille trans ne le rend pas homosexuel.

Voici quelques exemples de dessins réalisés par Sophie :

Maintenant que le comic vous est rapidement présenté, je vais entrer dans le vif du sujet.

Le « coming-out » fétichiste

Il y a quelques jours, Sophie Labelle a été exposé pour avoir dessiné de l’art qui fétichise les couches et les bébés animaux sur un compte Twitter privé et désolidarisé de son compte professionnel avec le pseudonyme « Waffles ». Suite à ça, il a écrit un post facebook sur son compte professionnel expliquant qu’il était un « Little », qu’il était victime de harcèlement à cause de ça et qu’il avait décidé de faire son « coming-out » pour empêcher les rumeurs de se répandre à son sujet :

Le post est invisible au moment où je rédige cet article, car le compte de Assigned Male sur Facebook a restreint toutes les publications. Ces captures d’écran proviennent de Twitter et Tumblr, et ont été recadrées par mes soins. Je n’ai retiré aucune partie du post.

Vous aurez remarqué que, dans le titre de mon article, j’emploie le terme « coming out » entre guillemets. Je n’ai pas trouvé de meilleure expression pour décrire l’intention de Sophie, et lui-même utilise ce terme dans son post. Cependant, « coming out » est une expression qui revient à la communauté LGB et qui décrit spécifiquement le fait de révéler son attirance pour le même sexe. Chaque fois que cette expression est reprise par d’autres groupes (coming out féministe, coming out végan, etc) ça m’énerve, parce qu’elle ne peut pas avoir la même portée.

Mais la voir être utilisée dans un contexte pareil, associée à une paraphilie, est extrêmement irrespectueux. Les hétéros ont toujours essayé d’assimiler l’homosexualité à une déviance, une paraphilie, un kink. Et les pédophiles, encore aujourd’hui, en profitent pour essayer de se faire accepter via la communauté LGBT. Vous verrez à quel point tout ça est lié plus loin dans l’article, et c’est pour ça que je tiens à préciser ma position sur l’utilisation du « coming out » dans ce contexte particulier.

Sophie est présent sur Twitter (lorsque j’ai voulu consulter son compte, il n’apparaissait pas dans la recherche, il est donc probablement passé en privé ou a été supprimé), sur Patreon avec un compte anglophone et un compte francophone, sur Facebook avec un compte « Assigned Male » pour sa BD et un compte personnel.

Le compte de Waffles

A partir de là, je vais montrer des images dessinées par Sophie Labelle sous le pseudo Waffles, dédiées au fétiche AB/DL (Adult Baby/Diaper Lover). Les images représentent des animaux anthropomorphes s’apparentant à des enfants habillés avec des couches, mais il n’y a rien d’explicitement sexuel. Toutefois, si ce genre d’images vous met mal à l’aise (c’est mon cas), que vous ne voulez pas les voir ou que vous ne voulez pas que quelqu’un les voie, passez cette partie.

« Waffles » est le pseudonyme de Sophie Labelle sur ses comptes privés. J’ai retrouvé un compte Twitter (@TheWaffles3) et un Patreon sous ce pseudonyme. Cependant il faut noter que Sophie a dit dans un de ses posts posséder plus de deux comptes, mais je ne les ai pas trouvés. Les deux ont la même photo de profil, le même style, etc. Sophie a admis dans un post Facebook avoir fait ces dessins. Je vais en poster quelques-uns pour que vous vous fassiez une idée. Vous pourrez noter que l’année est soit 2020 soit 2021 ; ce ne sont donc pas de vieux dessins ressortis pour accuser Sophie. Cette affaire est récente.

Sur son Patreon, Sophie explique être un artiste AB/DL et Babyfur, qui produit des dessins mais aussi des écrits. La photo de profil ainsi que la bannière sont les mêmes que sur Twitter. Pour rappel, Patreon est un site de financement participatif, comme Tipeee, ce qui signifie que Sophie gagne de l’argent avec cet art. Sa description met en avant que les donneurs seront en capacité de faire des demandes de « poses, scènes et personnages » pour les illustrations.

AB/DL et Little : Définitions

AB/DL est l’acronyme de Adult Baby/Diaper Lover qui peut se traduire par « Bébé Adulte/Amoureux des Couches ». Il s’agit d’une paraphilie, au même titre que le DD/LG ou le BD/SM. Cependant, ici ce sont des adultes qui sont sexuellement excités par le port de couches ou de tout autre objet associé à l’enfance : les tétines, les biberons, les mobiles, les body, etc. Il s’agit donc, plus précisément, d’un fétiche.

Les fétiches/paraphilies sont de nature sexuelle. Cela signifie que même si le besoin d’orgasme ou de relation sexuelle à proprement parler peut être remplacé par le fétiche, la personne en retire une satisfaction de nature érotique.

Le concept de Little, en revanche, n’est absolument pas sexuel. La régression est une pratique utilisée par les personnes qui ont vécu un trauma et qui souhaitent s’échapper de la vie d’adulte, se reconnecter à leur Enfant Intérieur, etc. Bien qu’il n’y ai pas de preuve scientifique de l’efficacité de cette méthode, elle est très utilisée.

Un Little est une identité enfantine de la personne, qui va reprendre des comportements d’enfants pour se calmer, se détendre, oublier ses problèmes, ou essayer de se soigner rétroactivement. Il n’y a rien de sexuel dans la régression, il s’agit souvent de regarder des dessins animés, manger des aliments sucrés, jouer à des jeux de son enfance, etc.

« Little » est également un terme utilisé par les personnes souffrant d’un TDI pour se référer à des personnalités enfantines. Dans ce cas il s’agit d’un terme pseudo-médical, utilisé par une communauté de malades pour parler d’un des aspects de leur condition. Encore une fois, il n’y a rien de sexuel dans cette expression.

A cause de l’association du mot « Little » avec les personnalités enfantines et souvent fragiles (on parle, dans les deux cas que j’ai décrits, de survivantes d’un trauma), le terme a été réutilisé par des pédophiles ou des paraphiles de l’enfance (la nuance est mince, je sais) pour parler de leur propre attirance envers les enfants. Mais à la base, retenez que ce terme n’est pas sexuel. Il l’est devenu à cause de l’influence des paraphilies et de la pornographie.

Le problème

Sophie a dit dans son post original sur Facebook que pour lui, ce fétiche n’est pas sexuel. Cependant, la nature d’un fétiche est d’être sexuelle, car il s’agit d’une excitation sexuelle déclenchée par un objet, un comportement, etc. Si vous regardez la dernière image (celle de son profil Twitter), vous pourrez noter que sa biographie indique « 18+ ». Dans un autre post qui provient de son Facebook personnel et que je mettrai plus bas, Sophie appelle son fétiche un « kink », qui est traduit comme « déviation sexuelle », donc une paraphilie.

Beaucoup de gens ont donc fait le lien entre une paraphilie pour les couches/l’envie d’être un petit enfant avec la pédophilie, qui est aussi une paraphilie. Sur Twitter, le compte @hatpinwoman a fait un thread sur Sophie et le compte Waffles, rapprochant le fétiche AB/DL de ce qu’on appelle l’autopédophilie[1], qui est retrouvée chez certains pédophiles. L’autopédophilie est une excitation sexuelle déclenchée par l’idée d’être un enfant/d’être perçu comme un enfant.

A ce stade, il est important de noter que Sophie Labelle étudiait pour devenir enseignant au moment où sa BD Assignée Garçon a commencé à être connue. Il a par la suite arrêté son travail pour devenir illustrateur à plein temps, mais dans un tweet datant d’avant son « coming out AB/DL » il dit avoir été professeur des écoles.

« Un peu de #queerselflove. J’étais un enfant fugueur qui est devenu professeur des écoles qui est devenu auteur de BD <3 »

C’est un fait assez connu que les pédophiles ont tendance à se rapprocher des carrières qui vont les rapprocher des enfants, comme de travailler dans l’éducation ou le soin. Le fait que Sophie écrive sa BD d’une manière qui la destine aux enfants tout en créant de l’art fétichiste d’enfants très jeunes est un avertissement. Cela ne signifie pas que Sophie soit dangereux, en revanche cela justifie de l’empêcher d’accéder à des enfants.

Sophie a également confirmé avoir utilisé une image de référence pour dessiner la couche du chien entrant dans la piscine. Cependant, au vu de la similarité des deux images, il est difficile de croire que seule la couche a été utilisée comme référence. Pour rappel, l’AB/DL est censé être un kink pour des adultes qui se comportent et s’habillent comme des enfants. Mais le dessin autant que la photo de référence représentent des enfants, et pas des adultes.

J’en parlerai plus en longueur dans un autre article dédié mais le fait est que les fétiches/paraphilies sont une véritable porte d’entrée vers les comportements à risques, notamment la violence sexuelle, le viol, la pédophilie. Même si Sophie se révélait ne poser aucun problème, son art ne peut attirer qu’une seule catégorie de gens, et c’est ceux qui sont sexuellement attirés par les enfants ou ce qui leur est associé (couches, suce, body, etc). Même si les enfants ne sont pas réels, puisqu’il s’agit d’illustrations, cela peut rentrer dans la catégorie de la pédopornographie et donc être illégal. Cela dépends purement de la loi.

Une attaque transphobe ?

Suite à ces révélations, vous vous doutez que Sophie s’est défendu de toute accusation de pédophilie. La plupart des gens étaient confus, mais d’autres (et c’est compréhensible) ont très mal réagi. Certaines de ces personnes sont trans, comme nous allons le voir.

Sophie a donc rédigé un post sur son Twitter pour se justifier :

« J’ai fait de l’art furry avec des couches. J’ai un kink auquel je m’adonne de manière responsable et je refuse d’être honteux à cause de ça. Les personnes qui mettent mon art et ma vie dans le visage de tout le monde sont des acteurs de mauvaise foi qui cherchent une excuse pour attaquer une femme trans. »

On en revient à l’excuse éternelle de « accuser une femme trans, peu importe les raisons, est transphobe ». Vous ne le savez sans doute pas mais il se trouve que beaucoup d’hommes trans-identifiés se cachent derrière leur statut de « minorité de genre la plus opprimée » pour excuser leurs fétiches ou leur pédophilie. Cela ne change rien au fait que, ici, tout le monde reproche à Sophie de dessiner du soft-porn d’enfants animaux, pas de s’identifier comme une femme.

Certaines personnes trans ont bien vu venir l’excuse et ont dénoncé le comportement de Sophie, comme le compte Twitter @DeplatformA qui a été créé pour l’occasion et dont le but est de montrer que la communauté trans n’accepte pas ce genre de comportement. La bannière du compte représente la manière dont les personnes qui défendent les trans se mettront entre une critique valide et un pédophile pour peu que le pédophile soit trans-identifié.

Photo de profil : « Sophie Labelle dessine du porno d’enfants pour s’amuser »
Description : Communauté Trans contre Sophie Labelle. 18+ pour la dégénérescence de Sophie. Je ne reposte pas son « art ».

Sur Twitter encore, le compte @EssenceOfTweet réagit au tweet de Sophie dans lequel il admet avoir réalisé les illustrations du compte Waffles en notant que malgré le fait que Sophie ait été interpellé par sa communauté pour avoir dessiné du porno, il se défends en disant que les gens cherchent juste une raison d’attaquer une femme trans.

Sur Instagram, le compte @tranniesthinkddlgisgross, tenu par deux femmes trans-identifiées, a fait une publication sur Sophie et son « coming-out ». Le compte est contre toute forme de sexualisation de l’enfance, que ce soit la régression sexualisée, les jeux de rôles impliquant un rôle d’enfant, ou l’intégration des pédophiles dans la communauté LGBT.

Sophie a également essuyé des critiques pour son hypocrisie et ses mensonges, notamment parce qu’il a modifié plusieurs fois un de ses posts facebook pour en changer les détails. Voici la 8ème version du post dans lequel il explique que les gens mentent sur la réalité de l’AB/DL. Actuellement, seul le premier paragraphe est visible sur son facebook.

Comme vous le voyez, il dit ici à la fois que son comte n’est ni pornographique ni ne représente une paraphilie, mais son compte Twitter est quand même classé 18+. Il a également prétendu ne pas utiliser le hashtag ABDL sur ses publications, alors qu’on peut clairement le voir sur une de ses publications Twitter :

On peut aussi noter la présence d’un hashtag « diaper », qui n’a rien à faire sur un dessin AB/DL puisque des parents l’utilisent pour poster des photos de leurs enfants.

Conclusion

J’ai très envie de dire « on vous avait prévenus ! » à toutes les personnes qui sont surprises par cette situation parce que le fait est que oui, les radfems qui s’intéressent à la question trans et aux paraphilies avaient prévenu que ça arriverait. En fait, c’est même déjà arrivé plusieurs fois, parce qu’il y a un lien très fort entre l’autogynéphilie dont semble souffrir un grand nombre d’hommes trans-identifiés, et la pédophilie ou autopédophilie. Trop nombreux sont les exemples que j’ai d’hommes trans-identifiés qui dessinent de la pornographie pédocriminelle et qui utilisent leur statut trans pour se défendre.

Cet article a pour but d’exposer toutes les informations que j’ai pu récupérer sur ce sujet, dans un but informatif pour les personnes francophones. Je pense que le comic de Sophie Labelle est critiquable en soi, mais ce « coming out » fétichiste représente la cerise sur le pompom pour un artiste qui s’adresse à des enfants.

En espérant que la communauté trans prendra la responsabilité de virer Sophie de ses cercles d’influence, pour ne pas se retrouver avec un pédophile de plus dans ses rangs.

Sources externes :
(1) Autopedophilia: Erotic-Target Identity Inversions in Men Sexually Attracted to Children

[kofi]

CC BY-NC-SA 4.0

5 réponses sur « Le « coming out » fétichiste de Sophie Labelle »

Pédocriminel et pédocriminalité seraient plus correct que pédophile et pédophilie. Pour le reste, excellent article, comme toujours. Merci pour le travail effectué.

Je serais intéressée de savoir pourquoi le terme « pédocriminel » serait plus adapté, si vous avez le temps de développer. Je sais que certaines féministes refusent le terme « pédophile » car le suffixe -phile signifie « amour », mais personnellement je suis pour l’utilisation des mots dans leur sens clinique, donc je préfère dans ce contexte utiliser pédophile puisque Sophie n’a pas été condamné au moment de la rédaction de cet article et n’est donc pas un « criminel ». Le mot « pédophile » se réfère à une paraphilie, et est donc adapté.

être obsédé par les enfants fussent ils ‘fur’ anthropomorphes, ce n’est pas aimer : avant le délit et le crime (non delinquant) on parle de la PÉDOMANIE des pédomanes…

Bonjour, je suis fatiguée de ce débat autour du mot pédophile. Certaines disent pédomane, d’autres pédocriminels, personnellement j’utilise le mot qui je pense sera le mieux compris et a un historique psychiatrique qui le rend cohérent. J’ai un peu de mal à comprendre l’importance de ne surtout pas sous-entendre que les pédophile « aiment » les enfants quand il est clair qu’on parle d’une attirance sexuelle et que jamais je ne sous-entend qu’il s’agit d’amour.
Je continuerai d’utiliser le mot pédophile de la même manière que j’utilise le mot zoophile en l’absence de meilleure alternative.

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