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Autogynéphilie : Définition

Le mot « autogynéphilie » est difficile, discordant même, et c’est approprié – le concept qu’il nomme est bizarre pour la plupart des gens. Pour comprendre l’autogynéphilie, il est important de reconnaître qu’elle diffère tellement de l’expérience ordinaire qu’elle ne peut pas être comprise simplement.
– J. Michael Bailey, The Man Who Would Be Queen

L’autogynéphilie est un sujet très, très vaste sur lequel je pourrais sans doute écrire plusieurs articles (et d’ailleurs je compte le faire). Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de ce concept, ou alors vous suivez des radfems qui en parlent mais vous voulez en savoir plus. Dans tout les cas, cet article est dédié à une définition simple du concept, ainsi qu’à un historique simplifié de sa découverte.

Définition

L’autogynéphilie (du grec « auto » : sois-même et « gynéphilie » : l’amour des femmes) décrit l’attirance sexuelle qu’ont certains hommes pour l’idée d’eux-mêmes en tant que femme. Il s’agit d’une paraphilie, d’une attirance sexuelle pour autre chose que des parties génitales. L’autogynéphilie repose sur des fétiches variés.

Le terme a été inventé par Ray Blanchard, un chercheur en sexologie qui étudiait le transsexualisme au début des années 80. Son but était de décrire le phénomène des hommes qui transitionnent en femmes mais qui ne sont pas homosexuels, ce qui était inexpliqué à l’époque. Sa typologie a permis de classer les hommes trans-identifiés en deux groupes, basés sur l’orientation sexuelle : les gays et les autres.

Les hommes autogynéphiles sont sexuellement attirés par l’idée d’être, de ressembler ou d’être perçus comme des femmes. Pour cette raison, il est théorisé que l’autogynéphilie serait un échec de cible érotique.

Historique

Le transsexualisme a toujours été compris tant qu’il concernait des hommes homosexuels. Les chercheurs trouvaient normal pour des hommes très féminins et attirés par d’autres hommes de vouloir devenir des femmes. Ces hommes représentaient l’idée de « femmes nées dans des corps d’hommes », avec des patients qui étaient féminins dès l’enfance et qui étaient séduisants, transitionnant assez tôt.

Les patients moins bien compris étaient les autres, ceux qui étaient hétérosexuels, bisexuels ou asexuels. Moins crédibles, ils mentaient beaucoup pour accéder aux chirurgies. Plusieurs chercheurs ont fait des théories sur leur existence, les comparant aux travestis, mais c’est Blanchard qui a compris le premier que cette catégorie était significativement différente des hommes homosexuels.

C’est en étudiant un patient qui était sexuellement excité à l’idée d’avoir une physiologie femelle que Blanchard a compris que certains hommes qui étaient excités par le travestissement avaient en fait la même condition que lui. Ils étaient tous autogynéphiles, à savoir attirés par l’idée d’eux-mêmes en tant que femmes. Certains sont attirés par les vêtements, d’autres par les comportements, d’autres par le corps, mais la plupart partagent plusieurs de ces attirances.

Blanchard a conduit énormément de recherches sur le sujets1, recherches qui a ce jour n’ont toujours pas été contredites par d’autres études. Il est également un fervent défenseur des droits des trans dans le sens premier du terme, et a participé à permettre l’accès à la transition médicale aux autogynéphiles. Ray Blanchard est toujours en vie à l’heure actuelle, et a été interviewé récemment2 dans le podcast Gender : A Wider Lens3.

D’autres chercheurs ont partagé les conclusions de Blanchard, comme J. Michael Bailey, mais beaucoup d’autres l’ont traité de transphobe. Sa typologie a cependant été acceptée par certains transsexuels, comme le docteur Anne Lawrence qui est un autogynéphile spécialisé dans la recherche autour de cette paraphilie.

Conclusion

L’autogynéphilie est un concept extrêmement important pour comprendre la population et le mouvement trans actuel. Sa nature de paraphilie en fait quelque chose de sexuel par défaut, ce qui a un impact sur les raisons derrière les motivations de certains hommes trans-identifiés. Je vais écrire d’autres articles sur ce sujet pour vous donner une meilleure idée du phénomène.

Bien sûr le concept est critiqué par à peu près toutes les associations trans qui en ont entendu parler. Mais les personnes (souvent des hommes) qui ont étudié les autogynéphiles n’ont pas basé leurs conclusions sur des théorisations abstraites. Ils sont allés rencontrer les premier concernés, ou en sont eux-mêmes.

Sources externes :
(1) Profil de Ray Blanchard sur ResearchGate
(2) Pioneers Series: Autogynephilia: Myth and Meaning with Ray Blanchard
(3) Gender : A Wider Lens

[kofi]

CC BY-NC-SA 4.0

2 réponses sur « Autogynéphilie : Définition »

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