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Homosexualité, transition médicale et thérapies de conversion

Cet article est ce que je considérerais une ébauche sur le sujet, une sorte d’introduction. Je ne peux malheureusement pas prendre le temps de faire toute les recherches nécessaires, ni d’écrire un article de la taille d’un roman.

Dans mon article de la semaine dernière, j’ai évoqué le fait que la transition peut être une forme de thérapie de conversion des personnes homosexuelles. Je parlais de ça dans le cadre de ma critique de la proposition de loi n°4021 qui voulait interdire les thérapies de conversion, mais confondait l’homosexualité avec la croyance de l’identité de genre. J’ai décidé de dédier un article complet à ce sujet, qui est bien plus large et complexe qu’il n’y paraît.

Les recherches que j’ai faites sur la transition médicale des homosexuels remontent à l’Allemagne d’avant la seconde guerre mondiale, qui était un bastion des recherches sur la sexualité à cette époque. Depuis, la transition médicale a fait énormément de chemin, et l’Allemagne/le Danemark ne sont plus le centre mondial des recherches sur la sexualité et les chirurgies génitales. Je vais parler de l’Allemagne nazie parce que c’est essentiel pour comprendre l’origine de ces pratiques médicales, mais cela ne signifie pas que transitionner les gays = être un nazi. Cela signifie que la transition des gays a toujours eu des racines homophobes, que cette pratique vienne de médecins nazis ou de médecins alliés de la cause homosexuelle.

Il est aussi important de noter que, si à l’époque c’étaient surtout les hommes qui étaient au centre des préoccupations, aujourd’hui de plus en plus d’adolescentes transitionnent[1]. Il y a toujours peu de recherches sur elles et sur ce phénomène, mais les études faites sur le sujet sont assez claires sur le fait que les femmes qui transitionnent médicalement sont en grande majorité homosexuelles.

Je vais dans cet article parler exclusivement de transition médicale, car les tenants et aboutissants de ce qu’on peut appeler une transition sociale méritent leur propre article.

Petite histoire de la transition

Dörchen Richter[2] et Einar Elbe[3] sont, d’après Wikipédia, les deux premiers cas connus de transition sexuelle. Ces deux hommes ont vécu à la même époque et ont transitionné autour de 1930, le premier présumé mort suite à une attaque nazie et le second mort des complications de sa greffe d’utérus. Tout deux sont décrit comme des « femmes trans » mais j’ai d’énormes doutes sur l’exactitude de cette appellation pour l’époque. Les deux étaient en revanche clairement des travestis, Dörchen étant probablement homosexuel et Einar bisexuel.

Leur transition chirurgicale consista en l’ablation des testicules et du pénis. Dörchen subit une greffe de vagin artificiel (difficile de savoir ce qu’était vraiment ce vagin), et Einar une implantation ratée d’ovaires puis d’un utérus, qui causa sa mort. A cette époque, pas de traitement hormonal pour les travestis.

Les hormones ont été amenées sur la scène par les nazis, et plus spécifiquement par Carl Peter Vaernet[4], qui prétendait soigner l’homosexualité en injectant de la testostérone à des hommes gays[5]. Ses expériences prouvèrent être un échec, mais cela reste la première trace historique d’une thérapie de conversion par les hormones. Sa théorie était que les hommes homosexuels manquaient de testostérone, ce qui les éloignait de la masculinité. Comme vous pouvez le voir, on retrouve le concept du genre comme hétérosexuel et de l’homosexuel qui n’est pas un « vrai » homme de par son attirance.

A noter que les nazis ont également essayé de convertir les homosexuels (hommes ou femmes) en les forçant à avoir des relations hétérosexuelles, ce qui n’a bien sûr pas marché. Cette pratique est toujours utilisée dans les thérapies de conversion modernes.

La transition des jeunes homos

De nos jours, la transition est considérée (à tort) comme le seul remède efficace à la dysphorie de genre. Il n’y a aucune distinction claire entre une jeune dysphorique et une jeune trans, surtout dans un contexte médical où poser des questions est interdit et considéré comme une forme de thérapie de conversion des trans (voir mon dernier article). Malheureusement, ce qui est perçu comme de la trans-identité chez les enfants se révèle le plus souvent être de l’homosexualité[6].

Dans une étude menée sur des enfants dysphoriques et leur développement[7], les chercheurs écrivent que « Sur le sujet de l’attirance sexuelle, tout les enfants [dont la dysphorie a persisté] ont exprimé se sentir exclusivement attiré par des personnes du même sexe natal, ce qui confirmait leur identité de genre puisqu’ils voyaient cette attirance comme hétérosexuelle. [Les enfants] ne se considéraient pas comme homosexuels ou lesbiennes.«  Cela signifie que 100% des enfants étudiés dont la dysphorie de genre persistait avec l’âge étaient homosexuel·les. Et aucun ne se considérait gay ou lesbienne. Leur attirance pour le même sexe, dans le contexte de leur transition, était perçue comme hétéro, et donc comme une confirmation qu’ielles étaient bien transgenre. L’homophobie est difficile à louper.

Plus inquiétant peut-être est l’analyse des chiffres en ce qui concerne l’âge de coming-out des jeunes gays et lesbiennes, et l’âge moyen de transition hormonale ou chirurgicale. Plusieurs études[8] [9] ont démontré que les gays découvrent leur attirance en moyenne plus tôt que les lesbiennes, et que les bisexuels (peu importe leur sexe) découvrent leur identité plus tard encore. Se découvrir est un processus lent, qui prends du temps, et qui peut facilement être stoppé ou détourné dans une société homophobe et misogyne.

Sachant que les homosexuel·les mettent du temps à se découvrir, et que les signes de trans-identité sont les même que ceux de l’homosexualité, le corps médical aurait tout intérêt à décourager ou interdire les transitions médicales avant au moins les 20 ans d’une personne. Pour rappel, il est possible de transitionner médicalement dès 18 ans (et parfois dès 16 ans) alors que l’étude de Alexander Martos[9] donne les chiffres suivants : « Les femmes s’identifient comme non-hétérosexuelles quand elles ont presque 3 ans de plus que les hommes (F=17,6 contre M=14,8) et rapportent leur première relation homosexuelle quand elles ont 1,4 ans de plus que les hommes (F=19,1 contre M=17,7).« 

En transitionnant des adolescent·es, on ne laisse pas l’opportunité aux jeunes gays et lesbiennes de découvrir leur homosexualité, seul·es ou avec un·e partenaire. Voir leur « hétérosexualité » comme une confirmation de leur identité est profondément homophobe.

Qu’en pensent les médecins ?

En 1930 en Allemagne, il existait des campagnes pour décriminaliser l’homosexualité, et notamment pour supprimer le paragraphe 175[10] qui interdisait l’homosexualité et la zoophilie (les deux étant considérés comme des actes « contre nature »). Magnus Hirshfeld[11], l’homme ayant opéré Einar Elbe, était un médecin Allemand passionné de sexologie et fondateur de l’Institut de Sexologie[12] de Berlin. Il était un fervent défendeur des droits des homosexuels, et est encore considéré comme un des pères fondateurs de la lutte. La transition médicale est donc très liée aux droits des homosexuels, car le travestissement et la non-conformité de genre étaient (et sont toujours) considérés comme des déviances sexuelles. Au même titre que l’homosexualité, donc.

De nos jours, de plus en plus de médecins tirent la sonnette d’alarme sur la transitions des jeunes gays et lesbiennes dans les cliniques du genre. Dans un article du Times publié en 2019[13], cinq praticien·nes de la clinique de Tavistock en Angleterre parlent de leurs inquiétudes sur la manière dont sont traités les enfants dysphoriques. Certain·es parlent d’une homophobie dans l’entourage qui pousseraient les enfants vers la transition, et s‘inquiètent des traitements expérimentaux et irréversibles qui sont donnés aux enfants.

Leurs témoignages s’alignent avec les études citées plus haut, comme cette psychologue qui évoque ses patientes : « Beaucoup des filles venaient et disaient, ‘Je ne suis pas lesbienne. Je suis tombée amoureuse de ma meilleure amie mais ensuite j’ai été sur internet et j’ai réalisé que je ne suis pas lesbienne, je suis un garçon.’ «  La transition offre une solution « facile » et personnelle à un problème de société profond. Beaucoup de familles sont prêtes à accepter leur enfant comme transgenre plus que comme homosexuel·le.

La clinique nie qu’il existe un rapport entre identité de genre et orientation sexuelle, ce qui est en contradiction avec toutes les études que j’ai lues sur le sujet. Si 100% des jeunes filles trans-identifiées sont lesbiennes, il y a clairement un rapport. Mais comme le dit une autre clinicienne interrogée dans l’article, « Je demandais [aux patient·es] avec qui ielles voulaient avec des relations, mais la direction m’a dit que le genre est complètement séparé du sexe. […] Je ne pouvais pas être d’accord avec ça, parce que ce n’est pas vrai. Certaines personnes transitionnaient leur genre pour correspondre à leur sexualité.« 

Conclusion

Tout porte à croire que de nos jours la transition est toujours une forme de thérapie de conversion des homosexuel·les, en témoignent les études sur le sujet et le fait que beaucoup de femmes et d’hommes détransitionné·es sont homosexuel·les. Que ce soit parce que les hormones données suppriment la sexualité ou parce que la transition permet de se faire passer pour hétéro, les deux sont liés et pas d’une bonne manière.

Je n’ai pas pu parler de tout dans cet article, comme le fait que l’Iran transitionne les homosexuel·les au lieu de les condamner à la peine de mort[14], ou le fait que la castration chimique a été longtemps utilisée sur les hommes gays pour les soigner, y compris des hommes gays connus. Ces médicaments sont les mêmes que ceux utilisés aujourd’hui, ce qui n’est pas une preuve en soi, mais incite à aller chercher plus loin.

Le marché de la transition est extrêmement profitable et basé sur des concepts homophobes, sexistes et misogynes. Pour cette raison, je critiquerai toujours les professionnels de santé qui encouragent la transition au lieu de se poser des questions, ainsi que les parents qui poussent leurs enfants vers un chemin médical alors qu’ils vont bien.

Sources externes :
(1) Evidence for an altered sex ratio in clinic-referred adolescents with gender dysphoria
(2) Dora Richter sur Wikipédia
(3) Lili Elbe sur Wikipédia
(4) Carl Vaernet sur Wikipédia
(5) Discrimination et déportation des homosexuels sous l’Allemagne nazie sur Wikipédia
(6) Childhood Gender-Typed Behavior and Adolescent Sexual Orientation: A Longitudinal Population-Based Study
(7) Desisting and persisting gender dysphoria after childhood: A qualitative follow-up study
(8) Correlates of Internalized Homophobia in a Community Sample of Lesbians and Gay Men
(9) Variations in Sexual Identity Milestones Among Lesbians, Gay Men, and Bisexuals
(10) Paragraphe 175 sur Wikipédia
(11) Magnus Hirschfeld sur Wikipédia
(12) Institut de Sexologie sur Wikipédia
(13) It feels like conversion therapy for gay children, say clinicians sur The Sunday Times
(14) The gay people pushed to change their gender sur BBC News

[kofi]

CC BY-NC-SA 4.0

Une réponse sur « Homosexualité, transition médicale et thérapies de conversion »

L’article est intéressant.
Je suis moi même homosexuel et j’ai connu des périodes de doute sur mon appartenanceau genre masculin durant l’enfance.
Au début de mon adolescence je voulais devenir une fille car j’étais attiré sexuellement par les garçons et puis s’est passé.
J’ai entamé une vie hétérosexuelle mais ce fantasme d’être une femme me revenait régulièrement adulte probablement parce que je ne pouvais pas vivre mon homosexualité avec cette hétérosexualité imposée par rejet de mon homosexualité.

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