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Les sophismes courants de l’activisme trans

Un sophisme est un procédé rhétorique, une argumentation, à la logique fallacieuse. C’est un raisonnement qui porte en lui l’apparence de la rigueur, voire de l’évidence, mais qui n’est en réalité pas valide au sens de la logique, quand bien même sa conclusion serait pourtant «vraie».


J’ai décidé d’illustrer certains sophismes courants avec des exemples concrets que je rencontre quand je discute avec des activistes trans ou quand je lis des tweets. La liste de sophisme provient de Wikipédia, est triée par catégorie et est assez longue. Je n’ai gardé que ceux qui sont réellement intéressants pour l’article.

Pour expliquer un peu mieux ce qu’est un sophisme, c’est une faute de logique dont le but est de persuader un auditoire en l’amenant à une fausse conclusion de manière délibérée. Un sophisme n’es pas une erreur de bonne foi ; l’intention compte et dans le cas du sophisme le but est de tromper un auditoire, notamment dans le cadre de débats idéologique. Une erreur de raisonnement est appelée paralogisme. Les sophismes que je vais présenter peuvent être faits par des personnes bien intentionnées, et ce sont alors des paralogismes.

Si le sujet des sophismes vous intéresse, je vous conseille de lire directement l’article Wikipédia. Ici, je ne ferais qu’une liste de sophisme avec des exemples pour rendre concrets les mauvais arguments utilisés dans les discussions sur les trans.

Les sophismes

Les arguments d’autorité

Argumentum ad verecundiam : Le chef a toujours raison. « Les femmes trans savent mieux que vous ce que c’est d’être une femme ».

Argumentum ad antiquitatem : Argument qui prétend que la tradition détient les bonnes réponses. « Il existait des troisièmes genres depuis des centaines d’années dans des cultures Indigènes, donc les troisièmes genres/le genre sont valides ».

Le sophisme naturaliste : Mêle un jugement de fait et un jugement de valeur : prétendre qu’une chose est bonne parce qu’elle est naturelle ou habituelle. « L’intersexualité est naturelle, donc ce n’est pas une maladie ou un handicap ».

L’appel aux sentiments

Argumentum ad misericordiam : L’appel à la pitié. « Les personnes trans font partie des personnes les plus précaires du monde ! »

Argumentum ad odium : Le fait de rendre odieux/inacceptable les arguments de l’opposition à travers une présentation à connotation péjorative. « Sale TERF/SWERF ! » « Les TERFs tuent des personnes trans/les poussent au suicide ! »

Le chiffon rouge : Utiliser des associations émotionnelles qui vont déclencher la colère du public et nuire à sa capacité de raisonnement. « Les radfems veulent pénaliser les clients alors que les prostituées sont déjà très précaires. »

Appel au ridicule : Ridiculisation des arguments de l’opposant pour les rendre plus facilement réfutables. « Les TERFs pensent que les femmes sont des vagins sur pattes ! »

Appel à la terreur : « Il y a des garçons avec des vulves et des transphobes sans dents. » « Vous un jour on va trouver vos adresses et on va vous monter en l’air (citation réelle). »

Les sophismes de l’observation

Argumentum ad nauseam : La raison par forfait. Consiste à abreuver de manière incessante l’opposant de questions ou d’affirmations fallacieuses ou d’invectives personnelles afin de lui faire renoncer à la discussion, et donc afin de clamer victoire. « Les femmes trans sont des femmes. Les femmes trans sont des femmes. Les femmes trans sont des femmes. »

Aucun Vrai Écossais : Consiste à réaffirmer une généralisation qui a pourtant été réfutée par un contre-exemple. Il prétend que le contre-exemple donné est invalide car son sujet n’appartient pas vraiment à la catégorie que l’on cherchait à généraliser. « Aucune femme trans n’attaquerait de femme dans des toilettes. Cette femme trans a attaqué une femme dans des toilettes. Aucune femme trans n’attaquerait de femme dans des toilettes. »
Personnellement j’appelle ce sophisme « La femme trans de Schrödinger » : Toute femme trans est une femme trans, sauf à partir du moment où il fait quelque chose qui décrédibilise les trans, il n’est alors plus une femme trans et ne l’a jamais été. Et il n’y a aucun moyen de faire la différence entre les vrais et les faux !

Sophismes de généralisation

Affirmation du conséquent : « Je suis une femme trans. Je n’ai jamais agressé personne. Donc aucune femme trans n’a jamais agressé personne. »

Échantillon non représentatif : « Certaines femmes trans n’ont pas de pénis, donc c’est ridicule de dire que les femmes trans ont un pénis. »

La Pente Savonneuse : « Si vous ne respectez pas les pronoms d’une personne, cette personne va se sentir invalidée, son existence sera remise en question, sa santé mentale va en pâtir et elle risque de se suicider. »

La Solution Parfaite : « Ça ne sert à rien de vouloir protéger les femmes dans les toilettes en empêchant les hommes d’y entrer. Il y aura toujours des hommes pour entrer malgré l’interdiction. »

Sophismes par la confusion

Confusion entre le Tout et la Partie : « Les radfems sont contre la prostitution, or la prostitution c’est aussi les femmes prostituées, donc les radfems sont contre les femmes prostituées. »

Association par Déshonneur : « Les radfems veulent que les femmes trans n’aient pas accès aux toilettes des femmes. C’est comme de vouloir refuser l’accès à des femmes noires. C’est donc comme la ségrégation. »

Argument circulaire : Il s’agit de répéter comme prémisse la conclusion qu’on tente de défendre. « Les femmes trans sont des femmes. »

Plurium interrogationum : Multiplier ou compliquer les questions pour donner l’impression que la conclusion n’est pas circulaire. « Les femmes trans sont des femmes. Une femme est toute personne qui se sent femme. Une femme trans se sent femme, et est donc une femme. »

Renverser la charge de la preuve : Ce sont les personnes trans qui affirment la réalité de l’identité de genre. Mais la charge de la preuve retombe sur toute personne qui refuse le concept, alors même qu’échouer à prouver que l’identité de genre n’existe pas ne prouve pas que l’identité de genre existe.

L’Homme de Paille : Il s’agit de déformer l’argumentation d’un opposant pour en faire un argument plus facilement réfutable et éventuellement préparer le terrain à un sophisme de déshonneur par association. « Vous ne voulez pas accueillir les femmes trans dans les prisons de femmes, je ne comprends pas pourquoi vous voulez mettre ainsi les femmes trans en danger. » Ici il est pourtant possible de protéger les hommes trans-identifiés sans les mettre avec les femmes.

Autres sophismes

Argumentum ad ignorantiam : Appel à l’ignorance. « Je ne comprends pas personnellement ce que c’est le genre mais si ces gens disent qu’il ressentent ça alors ça doit être vrai. »

Mille-feuille argumentatif : Accumulation d’arguments pour donner une impression de solidité à la thèse. « Et les taux de suicide ? Et les taux de meurtres ? Et les taux de violence ? Et les taux de prostitution ? Et le mégenrage ? Et les deadname ? Et le manque d’accompagnement médical ? » pour invoquer une oppression systémique des personnes trans.

L’Argument Irréfutable : C’est quand chaque contre-argument que vous avancez est décrit comme invalide pour une raison ou une autre. Par exemple la personne ne considère aucune de vos sources comme fiable, ou parce que vous êtes une TERF tout ce que vous dites est invalide.

Concusion

Je vous encourage vraiment à aller lire directement l’article Wikipédia sur les sophismes pour bien comprendre quand vous vous retrouvez face à quelqu’un qui en fait. Et aussi parce que tout le monde peut se retrouver à en faire, ce qui est à éviter quand on essaye réellement d’aller au fond des choses et de débattre sainement.

Ce qui m’embête avec la communauté trans et les activistes, c’est que ces sophismes sont monnaie courante, au point que je ne sais même plus quoi y répondre. Tout le monde les répète sans comprendre d’où viennent ces arguments et s’ils sont faux ou vrais, ni pourquoi. Un peu comme quand on me dit que c’est de l’essentialisme de dire que les femmes ont un vagin alors que l’essentialisme, ce n’est pas ça du tout.

Si on pouvait commencer à repérer ces erreurs ou ces mensonges tellement courants pour y répondre, ce serait une bonne avancée. J’espère que cet article vous a aidées à y voir plus clair et à comprendre pourquoi certaines discussions avec les activistes trans peuvent être aussi fatigantes. Discuter avec quelqu’un qui ne se remet pas en question n’est pas constructif, mais montrer les erreurs de raisonnement peut être utile.

[kofi]

CC BY-NC-SA 4.0

2 réponses sur « Les sophismes courants de l’activisme trans »

Je porte votre attention sur Wikipedia. 90% des contributeurs sont des hommes blancs. C’est un savoir situé et non une synthèse du savoir.
Notamment sur le genre, les violences faites aux femmes, etc.
Pour avoir une idée de ce qui se joue sur Wikipedia, il est intéressant de regarder l’historique ou les discussions.
Un grand merci pour vos articles.

C’est effectivement un vrai problème avec Wikipédia. Cependant, cet article utilise Wikipédia comme source pour de la linguistique, ce qui ne concerne pas directement la place des femmes dans la société. Si vous avez un meilleur article à me recommander comme source sur le sujet je serais ravie de l’utiliser à la place ! En attendant, je suis obligée de le garder comme référence.

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