« Le sexe et le genre sont différents ! Le sexe ne définit pas le genre. »
-Every TRA ever-
S’il y a bien quelque chose qu’on finit par enregistrer quand on parle avec des activistes trans, c’est que le genre et le sexe sont différents, et que l’un ne définit pas l’autre. Une femme est une être humaine de n’importe quel sexe, qui se sent femme, ou s’identifie au genre féminin, peu importe ce que cela signifie.
Outre les déjà nombreux problèmes de cette définition (si une femme est une femme, qu’est-ce qu’une « femme » ? quel est le genre « féminin », et comment le définir ? si le sexe ne définit pas le genre, la moitié de la population ne devrait-elle pas être trans ? sans parler du fait que le mot femme décrit un sexe, à la base, pas un genre…), force est de constater qu’elle n’est pas appliquée en pratique par les activistes trans.
Car oui, le sexe et le genre sont différents… pas entièrement séparés puisqu’en réalité le genre est forcé sur les individus en raison de leur sexe à la naissance, mais n’empêche que les deux ne sont pas du tout la même chose. Le sexe est notre moyen de reproduction, il est binaire, et il s’agit d’une simple fonction biologique. Le genre est un rôle social attribué au sexe et, dans notre société, il est tellement ancré qu’il paraît inné.
Finalement, si on s’arrêtait là, les activistes trans et les féministes radicales pourraient se mettre d’accord : le sexe et le genre sont deux choses distinctes, à ne pas confondre. Dommage qu’en pratique, les activistes trans ne fassent que confondre les deux, les inverser et les mélanger, mais que quand ça les arrangent. Voyons un peu ça plus en profondeur.
La confusion du langage
Par où commencer ? Difficile de savoir tellement ce champ est vaste, mais je vais commencer par le début : femme et homme. Ces deux mots sont des descriptifs des deux sexes des individus de l’espèce humaine quand ils sont adultes. Respectivement, les femmes sont femelles et les hommes sont mâles. C’est aussi simple que ça. Si on suit cette définition (qui n’implique rien sur l’identité, les goûts, les préférences des individus concernés), un homme trans est une femme, une femme trans est un homme. Car homme et femme sont des sexes. Pas des genres.
Et pourtant, pas plus tard qu’hier, sur mon post parlant de l’absence de règles chez les hommes trans-identifiés, on vient me dire que toutes les femmes n’ont pas leurs règles (vrai), que les femmes ne sont pas définies par leurs règles (vrai), et que les femmes ne sont pas les seules personnes à avoir leurs règles (faux). Pourquoi on me dit ça ? Parce que la personne qui a fait ce commentaire confond sexe et genre. Elle confond le sexe de la personne (le fait d’être un homme) avec le genre (le fait de se percevoir/de vouloir être perçu comme une femme).
Si quand je parle des femmes je parle du sexe et eux du genre, c’est normal d’avoir des difficultés à se comprendre. Cette confusion, et j’insiste là-dessus, est volontaire. Elle existe parce que les hommes qui veulent être des femmes ont commencé à dire qu’ils en étaient, et en réaction, certaines personnes ont changé le sens du mot. Mais au fond, parlez à n’importe qui, et tout le monde sait ce qu’est vraiment une femme : une humaine, adulte, femelle.
La confusion dans le langage existe aussi à cause des pronoms, où le phénomène se reproduit. Les pronoms sont des dénominateurs, qui servent à précéder un nom pour apporter des précisions. Parce qu’on ne peut pas deviner comment se sent une personne, et que nous parlons de ce que nous pouvons percevoir, les pronoms décrivent le sexe, et pas « l’identité de genre » d’une personne. Et pourtant, se référer correctement au sexe d’une personne trans est appelé « mégenrage »… Comment qualifier ça autrement qu’une confusion volontaire entre les concepts de genre et de sexe ?
La confusion légale
En France, quand un enfant naît, on note sur sa carte d’identité un « F » ou un « M » comme indicateurs de l’identité, en plus du prénom, du nom, de la date et du lieu de naissance, etc. Ces lettres n’ont pas pour objectif de révéler le sexe de la personne (on a des yeux pour ça), mais d’ajouter un facteur de reconnaissance en plus, et d’apporter des indications en cas de problème de santé par exemple. Ce marqueur n’a, encore une fois, rien à voir avec le genre. La médecin voit que le bébé est une fille, elle note « F » sur le certificat de naissance, point.
Pourquoi, alors, vouloir changer cet élément sur les cartes d’identité ? Ou rajouter une mention neutre ? Personne n’a de sexe « neutre », personne ne naît sans sexe. Cette mention ne serait utile que pour les personnes dont le sexe n’a pas pu être identifié à la naissance, or ce n’est pas le cas des personnes trans. Une femme trans n’est pas femelle, sinon il ne serait pas trans, alors pourquoi vouloir absolument ce petit « F » sur la carte d’identité ? Ne serait-ce pas invalider l’identité trans de la personne ? La raison invoquée est souvent celle de la sécurité, pour ne pas révéler que la personne est trans. Mais 1), sauf dans le cas d’un bon passing, ça se voit, 2) les gens ne montrent pas leur carte d’identité dans la rue comme ça sans raison 3) dans certains contextes, il est nécessaire de connaître le sexe d’une personne. Pourquoi ne pas normaliser le fait de ne pas conformer au genre, à la place ?
La confusion entre sexe et genre dans la légalité est un des plus grands débats autour de l’activisme trans. Par exemple, les refuges, les toilettes, les vestiaires, les prisons sont des lieus séparés sur la base du sexe, principalement parce que les femmes n’y avaient pas accès où étaient en danger quand ce n’était pas le cas. Selon cette logique, un homme trans-identifié n’a rien à faire dans les prisons de femmes, pas plus qu’un homme gay, car les prisons de femmes n’accueillent pas les individus correspondant aux clichés de la féminité, mais les femelles, peu importe à quel point elles sont masculines… Et c’est vrai aussi dans l’autre sens.
Pourquoi un homme trans-identifié aurait besoin d’accéder aux toilettes des femmes, spécifiquement ? Pourquoi, s’il s’agit d’une question de sécurité, ne pas demander des toilettes neutres ? Les toilettes sont différentes en fonction du sexe : une femelle ne peut tout simplement pas utiliser un urinoir, c’est une question d’anatomie. Il est logique qu’une femme trans-identifiée puisse accéder aux toilettes des femmes, même si sa présence peut interloquer de par son apparence.
En politique, il existe des quotas de femmes pour faire en sorte d’avoir une parité effective. Quand il n’y a pas de femmes dans les bureaux où se font les prises de décision, nous sommes systématiquement oubliées car les hommes ne vivent pas notre réalité et ce, en raison de nos corps. Si ces quotas ce mettent à vouloir dire « personne féminine » au lieu de « femelle », alors nous seront toujours oubliées, car un homme trans-identifié reste un homme. Pour être claire, je suis pour la présence de personnes trans dans la prise de pouvoir, mais pas au détriment des femmes.
En Belgique, le gouvernement a annoncé avoir atteint la parité pour la première fois, mais la présence d’un homme trans-identifié remet cette parité en question, puisqu’il est compté comme une femme. N’est-ce pas une confusion entre le sexe et le genre ? Est-ce qu’une femme masculine serait élue comme homme ? Est-ce que le gouvernement pense vraiment qu’un homme trans-identifié est compétent sur la question des femmes ?
Et encore dans le domaine médico-légal, la PMA, procréation médicalement assistée, a été autorisée pour les couples de femmes et les femmes célibataires récemment. Les couples hétérosexuels ont toujours eu accès à cette aide, ce qui signifie qu’il n’était pas légal de refuser cette aide à un couple de femme/homme, même si l’homme s’identifie comme une femme. Seulement, la PMA pour les lesbiennes ne permet pas d’utiliser les gamètes des deux partenaires, et les hommes qui ont légalement le petit « F » sur leur carte d’identité étant considéré à 100% comme des femmes, ils ne peuvent pas donner leur sperme. Pas de bol. Les trans demandent donc une reconnaissance du statut trans… ce qui est logique, mais en opposition totale avec leurs revendications habituelles. Le harcèlement reçu pour avoir posté « les femmes trans sont des femmes trans » car ce serait transphobe me le prouve. Mais il semblerait que le sexe biologique joue un rôle, finalement…
La transition
Je crois que la plus grande confusion a lieu lorsqu’on parle de transition, et cette confusion existe purement parce que les termes, à la base cohérents, ont été changés. En effet, lorsqu’on parle d’une personne transsexuelle, il est logique de comprendre que cette personne veut changer de sexe, et va donc sans doute faire une chirurgie dans ce but (même si ce n’est pas systématique). Par exemple, Buck Angel est une femme trans-identifiée qui n’a pas fait de chirurgie génitale mais qui vit 100% comme un homme. Elle se définit comme transsexuelle car elle sait qu’elle sera toujours femelle, mais elle veut être perçue comme un homme, donc comme un mâle.
Le problème est que, désormais, on ne parle plus de transsexualité (qui est considéré offensant sans que je comprenne pourquoi ?) mais de transgenderisme. On ne change plus de sexe, mais de genre. A partir de là, voici ma question : pourquoi les chirurgies de « changement sexuel » existent toujours, si le sexe est différent du genre ?
Le genre, comme définit par les trans, est un rôle social (le genre), un set de stéréotypes (les stéréotypes de genre), une perception sociale de l’individu (l’expression de genre), ou une identité interne (le genre, l’identité de genre). Ce qui est bien c’est qu’aucune de ces définitions ne décrit le sexe d’une personne. Changer de genre, c’est changer de vêtements, d’apparence, de comportement, de nom et de pronoms, à savoir que des éléments sociaux. Il n’existe aucune raison pour une personne de vouloir « changer » son sexe, de vouloir retirer ses seins ou s’en faire pousser, de vouloir féminiser son visage, avoir une barbe, ou changer l’apparence de ses organes génitaux si la seule source d’inconfort est le genre, car comme ils le disent si bien, « le genre et le sexe sont deux choses différentes ».
Et il leur est impossible d’expliquer cette contradiction. Car si une femme est quelqu’un qui se sent femme, et qu’une femme trans a toujours été une femme, il n’y a aucun besoin de transitionner, car cet homme était, selon eux, une « femme » alors même qu’il faisait tout comme n’importe quel garçon. Il était une « femme » bébé, enfant, adolescent, adulte. Il était une femme avec sa barbe, son pénis, sa taille moyenne plus grande, ses taux d’hormones, sa consommation de pornographie, ses blagues misogynes. Pourquoi ce besoin de se changer, dans ce cas ? Pourquoi demander à être « accepté comme on est » alors qu’il s’agit visiblement d’un manque d’acceptation de soi ?
Conclusion
Contrairement au discours mainstream, être trans n’est pas un simple inconfort dans le genre. Cette notion est en contradiction avec la notion de « naître dans le mauvais corps », notamment. Car selon leurs actions, être trans c’est vouloir être de l’autre sexe, c’est vouloir être perçu comme étant de l’autre sexe par la société et la terre entière. Le problème, c’est qu’on ne peut pas changer de sexe, alors le seul moyen d’arriver à ce but est de créer une confusion générale entre sexe et genre, avec deux objectifs : Faire croire au monde que l’on est de l’autre sexe pour être traité comme tel, et le faire croire à soi-même.
Je n’en peux plus de me faire rabâcher les oreilles de cette phrase, « le sexe et le genre sont deux choses différentes », souvent ponctuée d’une formule infantilisante ou d’un smiley moqueur indiquant bien que quiconque ne sait pas ça est stupide. Je sais que c’est vrai. Je le sais parce que la distinction entre le sexe et le genre a été théorisée par des féministes radicales avant même que le mot « genre » ne soit inventé. Mais dans sa tradition habituelle, l’activisme transgenre a volé ce concept féministe et se l’est réapproprié pour servir ses intérêts propres, qui sont souvent les intérêts des hommes.
La distinction entre le sexe et le genre est réelle, elle est fondamentale, elle est un des piliers du féminisme. Et en réalité, elle n’a rien à voir avec ce que disent les activistes trans. La distinction entre sexe et genre nous apprend que le genre doit être aboli, et que transitionner n’est pas un moyen efficace de renverser les stéréotypes. C’est même le contraire.
[kofi]
CC BY-NC-SA 4.0