Le gaslighting ou gas-lighting, connu sous le nom de détournement cognitif au Québec, est une forme d’abus mental dans lequel l’information est déformée ou présentée sous un autre jour, omise sélectivement pour favoriser l’abuseur, ou faussée dans le but de faire douter la victime de sa mémoire, de sa perception et de sa santé mentale.
Le gaslighting est un terme qui provient de l’anglais, « éclairage au gaz », et qui décrit une forme particulière et malicieuse de mensonge. L’origine du mot se trouve dans une pièce de théâtre plus tard adaptée au cinéma dans laquelle un homme fais douter sa femme de sa santé mentale en bougeant des objets dans la maison et en niant l’avoir fait quand elle le remarque. Le gaslighting est une forme d’abus psychologique.
A quoi ressemble le gaslighting ?
Dans son livre « Why Does He Do That« , Lundy Bancroft parle d’un de ses clients, un homme abusif, qui utilisait le gaslighting sur sa femme. Il décrit que cet homme faisait des choses comme cacher les clés quand sa femme les cherche, attendre qu’elle devienne folle à force de ne pas trouver, et les mettre en évidence sur la table en affirmant qu’elles ont toujours été là.
Une autre forme de gaslighting courante est le fait de nier un évènement qui a eu lieu. Dans le même livre, une femme décrit qu’elle était furieuse en se réveillant le matin à cause des actes de son mari la veille, qui l’a humiliée devant les enfants. En descendant dans sa cuisine elle le trouve de bonne humeur, et il nie avoir fait quoi que ce soit la veille, feignant être surpris de la voir fâchée et la traitant d’hystérique.
Le gaslighting c’est aussi quand les hommes nient des faits évidents ou le ressenti des femmes. Par exemple le fait que la violence envers les femmes est d’origine masculine, que la majorité des viols sont commis par des hommes, que ce sont les hommes qui déclenchent des guerres, que le harcèlement de rue existe et n’est pas un problème isolé. Tout ceci confuse les femmes et les fait douter de la réalité dans laquelle nous vivons.
Le point commun entre ces histoires, et ce qui constitue le point le plus important pour savoir si on est victime de gaslighting, c’est que c’est un mensonge qui fait douter la victime de sa perception. Ce n’est pas non plus un problème de communication : l’abuseur sait pertinemment ce qu’il fait, c’est un acte délibéré. A grande échelle, le gaslighting peut être fait par des personnes qui croient fermement ce qu’elles disent, mais l’effet est le même pour la victime.
Comment le reconnaître et résister
Un signe commun de gaslighting pour la victime est de vouloir enregistrer des preuves (vidéos, screenshots) de ses interactions pour pouvoir montrer qu’elle n’est pas folle. Comme on la fait douter de ses perceptions et de ce qui lui arrive, elle a recours à des moyens externes pour vérifier son sentiment que quelque chose ne vas pas et prouver à son entourage que quelque chose est bien arrivé.
Le meilleur moyen de faire face au gaslighting est d’être sûre de ses perceptions et de ses convictions. Les manipulateurs peuvent être très déstabilisants, mais il leur est impossible de faire douter une personne qui est sûre de ce qu’elle sait. La prise de preuve peut aider à atteindre ce but, mais il est surtout important d’avoir une bonne estime de soi, ce qui est difficile quand on est une femme et encore plus pour celles qui sont dans des relations abusives.
Pour l’entourage d’une victime, assurer la personne qu’elle peut avoir confiance en ses perceptions et lui redonner confiance en elle est primordial pour l’aider à sortir du cercle vicieux qu’entraîne le gaslighting. Le sentiment de doute ressenti peut être très fort, et le plus important est de se concentrer sur redonner le pouvoir à la victime de se faire confiance et de croire ce qu’elle voit/entends. On peut faire ça en lui assurant qu’on la croit, qu’elle n’est pas folle, qu’on la soutien et qu’on a confiance en elle, etc.
Sur internet et à grande échelle
Le gaslighting est quelque chose qu’on peut facilement retrouver sur internet et à grande échelle. De manière classique, n’importe qui peut être victime de gaslighting dans une discussion privée sur facebook ou twitter, mais il est aussi possible de voir des groupes entiers nier des faits, les cacher délibérément, ou raconter des mensonges dans le but de faire douter les gens de la véracité des faits.
En tant que féministes radicales, on voit beaucoup ce phénomène avec les activistes transgenre. D’autres groupes comme le STRASS, qui veut légaliser l’achat de prostituées, mentent délibérément pour parvenir à leurs fins, mais dans ce cas il ne s’agit pas tant de gaslighting que de malhonnêteté.
On peut également mentionner le gaslighting envers les personnes noires quand des gouvernement nient l’esclavage, l’exploitation, les génocides qui ont été perpétrés, ou tentent de faire croire que c’était il y a très longtemps et que désormais, ce n’est plus comme ça. Ce genre de propos fait douter les personnes de leur vécu comme personnes noires victimes du racisme, que ce soit en France ou aux US. C’est une technique de manipulation qui vise à apaiser les tensions pour éviter une révolte sans avoir à changer quoi que ce soit.
A grande échelle on retrouve tout les exemples d’hommes qui nient la violence masculine envers les femmes, comme cité plus haut, mais aussi la violence envers les enfants, les personnes handicapées, etc. Chaque groupe opprimé peut être victime de gaslighting de la part du groupe oppresseur, ou de la part d’autres membres du groupe. Parfois ce gaslighting n’est pas intentionnel car la personne croit réellement à ce qu’elle dit. Mais le mensonge est intentionnel à l’échelle du groupe, et a pour but de faire douter la personne de ses perceptions.
Conclusion
Le gaslighting est un outil de manipulation très puissant, très utilisé et très dangereux car, à petite échelle, il peut faire sombrer une personne dans la dépression et à grande échelle, il peut faire perdre de vue l’objectif d’un groupe. Beaucoup de gens victimes de gaslighting passent plus de temps à prouver que l’abuseur répand des mensonges qu’à se battre pour se sortir de la relation abusive, à petite ou grande échelle.
Les radfems n’échappent pas à ce phénomène et passent beaucoup de temps à expliquer pourquoi ce que disent les activistes trans peut être faux, mensongers ou dangereux. Ce travail a beau être nécessaire, il est épuisant et, à terme, moins important que la construction de ressources parallèles pour permettre aux gens d’avoir d’autres sources d’informations accessibles et des critiques de ce qui est dit.
Le gaslighting est dangereux et son utilisation par des groupes militants est non seulement à proscrire, mais aussi un signe que les intentions du groupe ne sont pas bonnes et qu’il a des comportements à cacher. Il s’agit d’un signe qu’il faut apprendre à repérer pour pouvoir réagir en fonction et se protéger.
[kofi]
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