Génocide : Crime contre l’humanité tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux ; sont qualifiés de génocide les atteintes volontaires à la vie, à l’intégrité physique ou psychique, la soumission à des conditions d’existence mettant en péril la vie du groupe, les entraves aux naissances et les transferts forcés d’enfants qui visent à un tel but.
Il n’existe que très peu d’informations sur ce qui s’est passé en Corée du Sud lors de la dernière année du Cheval Blanc. Les articles sont souvent vieux et en anglais. J’ai donc décidé de faire un résumé de cet évènement, de ses racines, de ses conséquences et de ce qu’il signifie.
Contexte historique
En Corée, il y a une croyance forte autour des signes astrologiques Chinois et de la signification qu’ils apportent pour les naissances. Mais peu de gens connaissent l’importance des couleurs. De tout temps la Corée a eu une préférence pour les naissances de garçons à cause d’une société patriarcale très puissante, qui motivait les femmes et les familles à chercher l’aide de chamanes divers pour que les grossesses donnent des garçons. L’arrivée de la technologie a aggravé le problème.
Au début des années 80, les ultrasons ont commencé à permettre de connaître le sexe d’un fœtus avant la naissance. Et les femmes ont donc commencé à avorter les filles. Pour pallier à ce problème le gouvernement a rendu les tests interdits, ainsi que les avortements.
Cela n’a pas empêché la population d’avoir recours à ces tests et d’avorter, car en Corée il est facile de contourner la loi sur l’avortement. En conséquence le ratio de naissances mâle/femelle a radicalement changé, avec une population clairement plus composée d’hommes que de femmes. Ce problème persiste depuis des années et le gouvernement est inquiet car le taux de natalité est bas en raison d’un « manque » de femmes dans la population.
Le rapport avec l’année du Cheval
Les femmes nées lors de l’année du Cheval Blanc sont supposées être intelligentes, impatientes, actives et argumentatives, ce qui est considéré comme non attirant voir même un mauvais présage dans cette société patriarcale. La raison est que ces qualités ne sont pas appréciées des hommes (notamment car les femmes sont censées être douces et dociles), alors que le principal rôle d’une femme est d’être mariée.
Dans les années 80-90, avec la technologie des ultrasons, un génocide a donc eu lieu, dont la cible était les femmes. En 1990, le ratio fut de 116 mâles pour 100 femelles, avec un ratio de contrôle de 103 mâles pour 100 femelles en temps normal. Il y a eu des variations de région (certaines atteignant 130 mâles pour 100 femelles) mais la « préférence » était très marquée. Le ratio par naissance indiquait également que les familles avortaient les filles jusqu’à avoir des garçons, avec un ratio de 320 mâles pour 100 femelles pour le troisième enfant.
Le résultat fut que le nombre de garçons était bien plus élevé que celui des filles, provoquant un gros problème de sous-population de nos jours, avec un focus médiatique sur les hommes : Il y a vingt ans, des journaux nationaux Coréen rapportaient que les garçons ne pouvaient pas s’asseoir à côté de filles à l’école, et étaient obligés d’être assis à côté d’autres garçons. Pas un mot sur l’origine du problème, ni sur les milliers de filles avortées.
De nos jours les médias se concentrent plus sur les pauvres hommes qui n’ont personne à qui se marier [1] que sur le génocide. La plupart des garçons ne sont pas au courant et il existe une sorte de loi du silence, alors que les conséquences sont bien réelles. Le but étant encore et toujours de protéger les hommes de la réalité.
Le Génocide des femmes
La Corée n’est pas le seul pays à avoir une « préférence » pour les garçons, loin de là. Cet exemple est seulement un des plus parlant, tout en restant très peu médiatisé. En Inde, des bébés sont jetées dans des poubelles ou abandonnées pour le seul crime d’être des femelles. En Chine, le manque de femmes pousse les hommes à enlever des femmes d’autres pays pour se marier [2]. Les conséquences de la haine des femmes sont multiples et meurtrières.
Rien que le terme « préférence » est parlant. Une préférence pour les garçons existe dans toutes les sociétés et tout les pays du monde, car il n’existe pas encore d’endroit qui ne soit pas touché par le patriarcat. Mais est-ce qu’une préférence pour les garçons justifie le génocide des filles ? Est-ce qu’une « préférence » pour les chiens justifie de tuer les chats ? Il ne s’agit pas de préférence, mais de haine. Simplement, cette haine est à l’échelle de la société.
En France, on parle de « féminicide » pour désigner le meurtre d’une femme simplement parce qu’elle était une femme. Il existe un décompte des femmes mortes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, mais dans le monde chaque jour de nombreuses femmes sont tuées en raison de leur sexe, sans que ce soit par un partenaire quelconque. Les femmes sont tuées par leur famille, par leurs partenaires, leurs amis parfois, par des inconnus, mais surtout elles sont tuées par des hommes.
Le génocide des femmes en raison de leur sexe est un féminicide, même quand la femme en question n’est pas encore née.
Conclusion
A l’heure actuelle on estime qu’un nombre important de femmes et de filles « manquent » dans le monde à cause de cette préférence. Le féminisme radical est au minimum « pro-choice » en ce qui concerne l’avortement, mais ici il n’est pas question de choix. La société pousse une haine des femmes qui ne laisse pas de choix, surtout avec la pression d’une famille entière qui souhaite un garçon, et cette pression est très forte en Corée.
Ce génocide n’était pas le choix des femmes. Ce génocide est toujours en cours de nos jours, même si nous ne sommes plus l’année du Cheval Blanc, car les mêmes systèmes sont toujours en fonctionnement. Et les féministes Coréennes, qui sont radicales, dénoncent ça.
Sources externes :
Le génocide de l’année du cheval blanc par rabbitheads sur Tumblr
Article du Chicago Tribune sur le sujet
(1) Trop d’hommes ? Article du Washington Post
(2) Post Tumblr sur l’enlèvement de femmes Vietnamiennes, et sa source originale
[kofi]
CC BY-NC-SA 4.0