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Les femmes ne sont pas des « personnes menstruées »

 » ‘Les gens qui ont des menstruations’. Je suis sûre qu’il y avait un mot pour ces gens. Aidez-moi à retrouver. Famme ? Fimmu ? Foome ? »
-J.K. Rowling-


Un langage déshumanisant est apparu il y a quelques temps pour se référer aux femmes, d’abord dans le monde anglo-saxon puis en France. Sur internet, il est désormais courant de lire des articles ou des posts parlant de « personnes menstruées », de « personnes qui ont leurs règles », de « gens qui ont un vagin », ou encore de « personnes qui peuvent tomber enceintes ».

Bien sûr, tout ces qualificatifs se réfèrent à une catégorie spécifique de personnes : les femmes.

Alors pourquoi ne pas employer ce mot ? Si simple, si pratique, si… inclusif, j’oserai dire ? Eh bien au nom de l’inclusivité, justement. Parce que si vous posez la question, on vous répondra que toutes les femmes ne partagent pas cette caractéristique que sont les règles, par exemple. Soit. Mais toutes les femmes ont un vagin, non ? Et les femmes qui n’ont pas leurs règles (car ménopausées ou infertiles par exemple) sauront sans doute savoir si on parle d’elles ou pas quand on dit « femme » ?

Eh bien non. Car le but n’est pas de s’accommoder aux femmes infertiles ou souffrant de syndromes très rares (moins de 0,018% de la population) qui les privent d’un vagin. Le but est de s’accommoder aux hommes.

Femme est devenu un mot controversé. A la base, il indique simplement l’espèce, l’âge et le sexe d’un individu : humaine, adulte, femelle. Toute personne qui rentre dans cette catégorie est une femme (ce qui représente 51% de la population à l’heure actuelle dans le monde). Ce mot désigne donc une réalité biologique observable, puisque les trois qualificatifs ont des définitions précises. Alors qu’est-ce qui a changé ?

Ce qui a changé, c’est le désir de certains hommes d’être perçus et traités comme des femmes. Pour se faire, un changement de définition à eu lieu autour du mot femme. Une femme est une personne qui se sent femme, ou qui s’identifie comme tel. Vous ne voyez pas le problème ? Ce diagramme va vous aider.

Infographie - Définition de femme (pensée circulaire)
Cette infographie (traduite de l’anglais) résume le problème derrière la « définition » choisie par les activistes trans.

Donc qui est une femme ? Tout le monde, virtuellement. Le mot femme inclut désormais les mâles comme les femelles. D’où l’utilisation d’euphémismes douteux pour nous désigner : les hommes n’ont pas de vagin, pas de règles, et ne peuvent pas tomber enceintes. Normal, ce sont des hommes.

Cependant, on remarque une tendance tout de même assez perturbante : le manque d’utilisation d’expressions comme « personne qui a un pénis », « gens qui éjaculent », « gens qui ont une prostate » ou encore « personne à testicules ». Pourquoi ? Car seule la définition de femme est remise en question.

L’utilisation de formules détournées pour se référer au corps des femmes est déshumanisant car cela nous réduit à nos fonctions reproductives, alors que les hommes ont droit au statut d’humain. Seules les femmes doivent inclure des mâles dans leur définition.

Les femmes ne sont pas des personnes qui menstruent, qui tombent enceintes, qui « possèdent » un vagin ou ce genre de choses. Les femmes sont des êtres humains, adultes et femelles. Toutes les femmes n’ont pas de règles, et ce sont des femmes. Toutes les femmes n’ont pas d’enfants et ne tombent pas enceintes, et ce sont des femmes !

Le côté faussement inclusif est trompeur. Oui, on peut se dire qu’il est plus respectueux de dire « personnes qui ont leurs règles », parce que quiconque qui n’a pas ses règles saura que le post n’est pas adressé à lui ou elle. Mais il y a quelques objections qui rendent l’argument de l’inclusivité caduc :

  1. Les posts et articles qui utilisent ce genre de formulation ne parlent généralement pas de situations en lien avec le descriptif. En clair, un post qui parle de « personnes avec un vagin » ne parleras pas forcément de vagin, mais bien de problématiques ou de sujets qui touchent toutes les femmes, mais pas les hommes ! On pourrait donc utiliser le mot femmes.
  2. Ici le but n’est pas d’accommoder les femmes qui aimeraient être vues autrement (hommes trans, non-binaires, etc), mais d’accommoder des hommes qui n’auront jamais ces problèmes car ils ne font pas partie de la classe des femmes. Donc au lieu de faire en sorte de respecter une catégorie de femmes souvent dysphoriques qui sont concernées par les posts, on se concentre sur des hommes. Vous voyez le problème ?
  3. Les hommes trans en particulier ont déjà exprimé que le fait de se concentrer sur les fonctions reproductives (en rappelant l’existence de règles et de la grossesse par exemple) était un facteur provoquant la dysphorie. Les hommes trans, tout comme les femmes infertiles, sont parfaitement capables de savoir quand on parle d’elles ou non.
  4. Étant donné que « avoir des règles » ou « avoir un utérus » sont en train de remplacer « femme », les femmes trans colonisent ces terrains là aussi, toujours dans le but d’être considérés comme de « vraies » femmes. Les femmes trans disent donc être des « femelles », avoir des « règles », avoir un « vagin ». La trouvaille la plus récente est que les hommes auraient un « reste d’utérus » dans la prostate qui peut saigner naturellement, comme des règles. Messieurs, si votre anus saigne, consultez un médecin !

Un autre problème de ces formulation sont qu’elles causent ou aggravent la dysphorie. Un grand nombre de femmes (toutes, virtuellement) ne veulent pas être réduites à leurs fonctions reproductives. Or, c’est exactement ce que font ces euphémismes. Et pour quelqu’un qui ne veut pas d’enfants, qui a peur de tomber enceinte, qui a des règles douloureuses ou des problèmes liés à la reproduction, être rappelée en permanence que nous sommes « des personnes qui ont leur règles, un utérus, un vagin » est douloureux. Cela amène à s’aliéner de son propre corps, alors perçu négativement, voir comme un traître.

Ce sentiment d’aliénation peut finir par devenir une dysphorie, qui peut alors motiver la personne à transitionner pour être perçue comme un mâle dans la société et éviter ces problèmes. Bien sûr, comme on ne peut changer de sexe, ces problèmes restent, et le mal-être aussi (bien que la testostérone règle certains problèmes, elle en créé d’autre). Vous comprendrez alors qu’autant d’hommes trans n’aiment pas ces formules, qui sont loin d’être inclusives.

Toutes ces raisons font que l’utilisation d’euphémismes pose des problèmes, et que les ignorer est irresponsable et irrespectueux. Les femmes ne sont pas des personnes à règles, ou des machines à bébés. Ce n’est PAS ce qui nous définit. Tout ces éléments ne sont que des conséquences de notre sexe, pas le déterminant de notre sexe. Les femmes qui souffrent d’anomalies de développement sexuel sont tout de même des femmes, tout comme celles qui ont subi une ablation de l’utérus, des seins, qui sont infertiles ou qui n’ont pas d’enfants.

Conclusion

Il existe une infinité de raisons pour lesquelles l’emploi de ces formules est irrespectueux, mais la plus importante reste que de nombreuses femmes ne veulent pas être qualifiées ainsi, mais n’ont pas le choix car les voix des femmes trans pèsent plus (normal, ce sont des hommes). Donc n’hésitez pas à faire remarquer que ces posts sont problématiques et déshumanisants pour toutes les femmes.

Nous méritons de pouvoir nous définir selon nos propres termes, que nous choisissons nous-même et sans pression extérieure.

[kofi]

CC BY-NC-SA 4.0

2 réponses sur « Les femmes ne sont pas des « personnes menstruées » »

Petit commentaire. Les femmes trans (qui sont bologiquement des hommes) n’ont pas leurs règles, ils n’ont pas de vagin (sauf opération chirurgicales), et n’ont pas d’utérus. Vous êtes donc en train de dire que les femmes trans seraient en train d’appuyer un vocabulaire désignant les femmes, les désignant de facto comme n’étant pas des femmes ? Ce serait quand même bien bizarre…

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