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Féminisme intersectionnel : Définition

L’intersectionnalité (de l’anglais intersectionality) ou intersectionnalisme est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de stratification, domination ou de discrimination dans une société.


L’intersectionnalité parle de la manière dont les femmes noires sont à la fois victimes du racisme et du sexisme, de la suprématie blanche et de la suprématie masculine. Pour cette raison, les femmes noires sont à la fois aliénées des mouvements de libération des noirs, et des mouvements de libération des femmes.

Origine du terme

L’intersectionnalité est un concept théorique qui s’applique en premier lieu au féminisme. Il a été proposé par Kimberlé Crenshaw, une activiste noire Américaine, pour parler de la manière dont le sexisme et le racisme s’entrecroisent pour oppresser les femmes noires. Le concept permet de comprendre la complexité des différents pouvoirs impliqués dans une situation ou une lutte.

Le terme a été inventé pour expliquer pourquoi les femmes noires étaient ignorées par le féminisme mainstream de l’époque alors qu’elles étaient des femmes, et faisaient donc partie du combat. De la même manière, les femmes noires se sentent souvent aliénées des luttes raciales à cause de la misogynie qui y règne. Elles subissent donc une double oppression, car elle sont à l’intersection de deux luttes de pouvoir.

Application courante

De nos jours, le terme a évolué pour s’appliquer à d’autres formes d’oppression, sortant de la niche de l’oppression misogyne et raciale. On parle d’intersectionnalité pour les personnes qui, en plus d’une autre oppression, subissent le validisme, l’homophobie, ou n’importe quelle autre oppression systémique.

L’intersectionnalité est une part très importante du féminisme, de par le besoin d’inclure toutes les femmes dans la lutte féministe : femmes handicapées, noires, lesbiennes, pauvres… L’inclusivité est donc très liée à ce concept.

Malheureusement, le concept de base qui servait à décortiquer les oppressions pour mieux comprendre les dynamiques sociales a perdu ce but avec le temps. Comme beaucoup de concepts du féminisme, l’intersectionnalité est aujourd’hui utilisée sans esprit critique, ce qui limite son potentiel dans les discussion sur l’inclusion dans nos luttes. Le concept étant tout de même connu de nos jours, beaucoup de gens se renseignent sur son origine pour l’intégrer dans leur activisme.

Ce concept intéresse énormément les féministes radicales de par sa nature, qui permet une étude non pas individualiste mais sociale des dynamiques de pouvoir.

Limites du concept

Comme tout concept, l’intersectionnalité à ses limites. Et, en l’occurrence, ses limites sont circonstancielles à son utilisation moderne par les luttes féministes. L’intersectionnalité est une porte ouverte à une généralisation des expérience. De manière générale, les gens qui brandissent l’intersectionnalité dans le but d’inclure le plus de personnes dans leur lutte n’ont pas comme but une meilleure analyse sociale mais bien l’inclusion, et rien de plus.

Or, toutes les luttes ne sont pas inclusives, et n’ont pas à l’être. Les expériences de chacune ne sont pas inclusives non plus, et demander à quelqu’un qui exprime son vécu d’inclure d’autres personnes dans son récit revient à changer le sujet.

L’intersectionnalité est un outil d’analyse des structures et des dynamiques sociales, pas un outil d’inclusion. C’est un concept théorique et non pratique.

Conclusion

L’étude intersectionnelle des oppressions est un outil essentiel du féminisme, qui peut s’appliquer à énormément de situations et de personnes. Nous ne voulons pas perdre de vue l’origine du terme, qui était concentré sur le racisme vécu par les femmes noires, ni la critique qu’il permet de faire dans nos luttes pour les rendre plus efficaces.

[kofi]

CC BY-NC-SA 4.0

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