L’oppression (du latin oppressus) est, historiquement, le fait, pour un peuple ou une population, d’être soumis à l’autorité d’un pouvoir tyrannique. En sociologie, l’oppression est le mauvais traitement ou la discrimination systématique d’un groupe social avec ou sans le soutien des structures d’une société.
Il y a une différence fondamentale entre l’oppression et la discrimination d’une population. L’oppression implique l’exploitation d’une catégorie de personnes par une autre, alors que la discrimination est une différence de traitement qui résulte en des injustices. Historiquement, on considère qu’il existe trois classes opprimées, donc exploitées à grande échelle par une autre partie de la population : les noirs (par l’esclavage), les prolétaires (par le système de classe) et les femmes (par le patriarcat).
Pourquoi ?
Il n’existe aucun autre point commun entre toutes les femmes du monde que leur sexe biologique et les vécus variés qui en découlent. Pour cette raison, la seule différence entre les hommes et les femmes qui permet de savoir qui oppresse qui, est le sexe. Cela ne permet pas de connaître les raisons derrière cette oppression, mais cela permet de savoir qui protéger.
Les femmes sont opprimées parce qu’elles peuvent faire des enfants, contrairement aux hommes, et donc transmettre les gènes des hommes alors qu’ils ne peuvent le faire par eux-mêmes. Cela ne veut pas dire que l’oppression est naturelle, mais cela veut dire que c’est notre sexe qui est utilisé par notre classe dominante pour nous exploiter. Cela ne signifie pas non plus que ne pas pouvoir faire des enfants nous protège, car l’oppression n’est pas individuelle. C’est un phénomène de groupe.
Analyse
L’oppression des femmes par les hommes nécessite de créer des protections pour les femmes. Les féministes se battent notamment pour le droit d’interdire à la classe dominante d’envahir les espaces qui nous sont réservés, que ces espaces soient physiques (refuges) ou conceptuels (langage, parité électorale). Ces mesures ne sont pas prises pour augmenter la différence que créée la société entre les femmes et les hommes, elles sont prises pour permettre aux femmes de survivre et d’accéder à leurs droits sociaux dans un contexte qui les discrimine de manière systématique.
Le sexe étant la base de notre oppression, se battre contre l’oppression c’est accorder des droits et des protections égaux entre les sexes, mais aussi prendre en compte les différences inhérentes au fait d’être un homme ou une femme. Le coût de la charge reproductive est inégalement distribué entre les femmes et les hommes. Seule une politique féministe qui prend en compte cette différence peut permettre aux femmes d’accéder à leurs droits reproductifs et sociétaux sans être pénalisées. Perdre de vue les droits reproductifs, sexuels et de santé spécifiques aux femmes, c’est perdre de vue le féminisme.
Effacer le rôle du sexe n’est pas une solution. C’est un problème qui revient à retirer la conscience de classe des femmes et les priver des outils nécessaire à leur libération.
Ne pas confondre sexe et genre
Le genre est l’outil d’oppression des femmes, pas la cause. Le genre est défini par le féminisme comme une classe sociale hiérarchique attribuée en fonction du sexe. Il est imposé par la société et représente une norme dont s’écarter peut entraîner des pénalités. C’est le genre qui dicte la soumission féminine, qui permet la culture du viol et qui renforce artificiellement les différences entre les hommes et les femmes. Il bénéficie aux hommes et est différent dans chaque société, avec comme point commun la compliance féminine et la supériorité des hommes.
Les femmes ne naissent pas douces et dociles avec un intérêt pour le ménage, ces comportements sont acquis. Le sexe représente notre capacité reproductive, pas notre rôle social. Le genre est coercitif et non naturel, mais il est souvent présenté comme tel : les femmes seraient plus douces car elles seraient destinées à être mères, les hommes plus agressifs à cause de la compétition sexuelle. C’est le mythe de l’essentialisme du genre.
Ainsi, toutes les femmes, peu importe leur identité de genre (homme trans, non-binaires) sont sujettes à l’oppression basée sur le sexe. Cette oppression vient de la part des hommes, et ce peu importe leur identité de genre. L’oppression des femmes existant à tous les niveaux de la société, y échapper de façon individuelle est quasiment impossible, et se libérer du patriarcat nécessite un effort collectif.
Conclusion
Il est important de garder en tête que l’oppression des femmes est une exploitation de nos corps sexués au profit des hommes, que ce soit pour leur assurer une descendance génétique, du plaisir sexuel ou du confort de vie au quotidien. Cette oppression est présente dans toute la société et a un impact négatif important sur la vie de toutes les femmes. Éliminer le patriarcat est l’objectif principal du féminisme.
En droit français, la résistance à l’oppression est l’un des « droits naturels » et imprescriptibles de l’homme (déclaration de 1789).
CC BY-NC-SA 4.0
Cet article a été mis à jour le 16 avril 2024.